Le problème majeur pour notre
économie aujourd'hui : générer des entreprises
innovantes de croissance pour assurer son renouveau
Les
comparaisons entre notre pays et la Grande Bretagne sont frappantes :
nous
créons 10 fois moins d'emploi dans
les entreprises innovantes de
croissance que les britanniques alors que :
- nous
créons autant d'entreprises qu'eux
- les
français sont innovants
- le
capital risque dispose d'autant d'argent qu'en Angleterre
mais ne trouve pas de "bons" projets dans les jeunes entreprises
capables d'un développement rapide, les "Gazelles" (et il
s'investit donc
dans les LBO et non dans le développement des jeunes entreprises)
Nos
entreprises séculaires se portent bien ... mais il n'y a aucun
renouvellement : "sur les 100 premières entreprises
US, 63 ont moins
de 25 ans, elles ne sont que 6 dans ce cas en France"
(Philippe Lemoine)
La clé de ce mystère ? :
il y a dans notre pays 10 fois moins
de business angels, or ils sont
les seuls à pouvoir financer le
décollage d'une entreprise à haut potentiel
* La
création proprement dite relève de la "love money"
(jusqu'à 100k Euros) et ne pose aucun problème.
* Le capital risque n'intervient qu'a
partir de 2M euros pour le développement ambitieux
d'entreprises déjà bien établies
* mais seul un Business Angel
est capable de financer la phase de décollage : l'absence
dans notre pays de ce maillon central de la chaine de financement est
dramatique car elle nous condamne à n'avoir
que des entreprises "naines" qui finissent par être
dépassées ou
absorbées par des concurrents étrangers.
Un Business Angel n'est en effet pas seulement un apporteur de
capitaux:
Je reprend
ci dessous le florilège des interventions jeunes
créateurs d'entreprises lors d'une récente table ronde au
salon des entrepreneurs
"c'est
d'abord un co-entrepreneur :
* capable de comprendre notre business (donc un industriel, pas un
financier)
* capable d'apprécier humainement l'entrepreneur : la
relation de
confiance personnelle étant vitale (une structure n'a pas de
sentiments, or a ce stade ceux-ci doivent jouer le rôle majeur)
* capable par son expérience d'entrepreneur a prendre des
décisions plus pertinentes que ce qui peut ressortir d'une
analyse de Business plan + due diligences + comité
d'investissement
* capables de prendre des décisions non conformes à la
dictature
de la mode (une entreprise qui réussit est en
général non un
"me-too" mais celle qui prend le contrepied des évidences : tout
le
monde
a convenu qu'un investisseur institutionnel ne peut pas se le
permettre sous peine de mort professionnelle)
* capables d'apporter une comprehension du marché ...et des
clients
* capables d'aider à recruter pour compléter
l'équipe de direction
grâce a la qualité de son carnet d'adresse
* capable de jouer le rôle de coach parce qu'il est
"passé par là"
: nous manquons terriblement de gens qui posent les bonnes questions et
qui sont capables de réfléchir avec nous
* ... et capables d'apporter grâce à leur
réputation vis à vis des
investisseurs (autres BA, VC, capital de prox), et leur connaissance
des
acteurs, les partenaires nécessaires pour constituer les tours
de table
successifs pour accompagner la croissance de l'entreprise
"nous avons
besoin d'avoir en face de nous un homme (pas une structure),
seul capable de jouer tous ces rôles! et ces hommes sont
aujourd'hui
très peu nombreux.
Le VC vient dans le stade de développement ultérieur et a
ce stade il
n'y a plus aucun problème pour trouver de l'argent"
Contrairement
à ce que je croyais il y a quelques années je suis
aujourd'hui persuadé que ce n'est pas seulement les coûts
de traitement
des petits dossiers (estimé à 300kEUR par dossier retenu)
qui empêchent
les VC d'investir en "early stage", mais c'est "congénitalement"
impossible pour eux d'intervenir de façon pertinente et efficace
à ce
stade de
développement : ils ne sont pas armés pour prendre les
bonnes
décisions, dans le bon timing et pour apporter au chef
d'entreprise ce
dont il a besoin et qui ne se résume pas a des capitaux
Pour le
business-angels, investir dans une jeune entreprise innovante
de croissance, c'est un job passionnant s'il a une ame
d'entrepreneur
et ... pour notre pays c'est aujourd'hui l'enjeu majeur de
notre économie
JMY
mercredi
2 avril 2008